La Grèce au Ve siècle. De Clisthène à Socrate by Edmond Lévy

La Grèce au Ve siècle. De Clisthène à Socrate by Edmond Lévy

Auteur:Edmond Lévy
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2014-06-14T16:00:00+00:00


Le rôle de l’ASSEMBLÉE, nommée ecclésia ou apella, est plus difficile à préciser. Si c’est elle qui vote les décisions, comme le prescrit la grande rhètra et comme le montre la séance qui déboucha sur la guerre du Péloponnèse (Thuc. I, 79-87), on peut se demander si les débats s’y déroulent démocratiquement ou si son rôle se limite essentiellement à l’élection des éphores et des gérontes. Comme l’indique le passage mentionné de Thucydide, comme Aristote (Politique, 1270 b26-28) le suggère à propos des élections à l’éphorat et comme Plutarque (Lyc., 26, 3-5) le précise, notamment à propos des élections à la gérousie, les votes se faisaient par acclamations55, ce qui, au moins pour les élections, paraît à Aristote un procédé puéril.

Quant aux débats, il n’est pas sûr que tout Spartiate ait pu y prendre la parole, notamment pour présenter un amendement ou une contre-proposition. En effet, comparant le régime crétois au régime spartiate, Aristote (Politique, 1271 b10-12) précise qu’en Crète : « tous les citoyens participent à l’assemblée, mais celle-ci a pour seul pouvoir de ratifier par son vote les propositions des gérontes et des cosmes » ; malheureusement, le texte est ambigu, car, si la première partie de la phrase évoque un trait commun aux Crétois et aux Spartiates, le contexte ne permet pas de décider si la seconde mentionne une autre ressemblance ou, au contraire, une différence. Le passage consacré au régime carthaginois (ibid., 1273 a6-13) est cependant plus clair : si, à Carthage, l’on n’est tenu de soumettre à l’assemblée que les affaires sur lesquelles les rois – entendons les suffètes – et les gérontes n’ont pu se mettre d’accord, inversement, quand on soumet quelque chose à l’assemblée, « on n’accorde pas au peuple seulement le droit d’écouter les propositions approuvées par les magistrats, mais les citoyens sont maîtres de décider et il est permis à quiconque (mot à mot : à celui qui le désire) de faire une contre-proposition, ce qui n’est pas possible dans les autres régimes (sc. en Crète et à Sparte) ». Mais, même dans cette phrase, subsiste une légère incertitude : il n’est pas impossible, bien que moins probable, que le verbe ici traduit par « faire une contre-proposition », ce qui relève du droit d’amendement, puisse signifier simplement « combattre par la parole les propositions », ce qui supprimerait pour Sparte et la Crète jusqu’à la liberté de parole à l’assemblée.

Un passage du Contre Timarque (180-181) d’Eschine incite cependant à nuancer le tableau. Après le discours d’un excellent orateur, qui était un homme de mauvaises mœurs, les Lacédémoniens se disposaient à voter conformément à ses propositions, quand un géronte monta à la tribune et déclara que « Sparte ne resterait pas longtemps inexpugnable, si, dans les assemblées, on utilisait de tels conseillers. En même temps, il invita un autre Lacédémonien, orateur peu doué mais brillant guerrier » et homme vertueux, à exprimer le même avis que l’orateur précédent, « pour que les Lacédémoniens votent après le discours d’un homme de bien ».



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